L’empreinte du perroquet

L’empreinte est un processus qui permet à l’oiseau de reconnaître ses parents et d’intégrer son appartenance à l’espèce. Ce processus, bien étudié chez l’oiseau et notamment au travers des travaux de Konrad Lorenz, existe dans toutes les espèces animales y compris l’homme.

Il s’agit d’un apprentissage rapide, spécifique et le plus souvent irréversible, qui a lieu peu de temps après l’éclosion au cours d’une phase dite « sensible ». L’imprégnation ne nécessite pas de renforcement ultérieur. Les répercussions à long terme sont très importantes pour le perroquet. Les comportements acquis pendant cette période sont fondamentaux pour permettre des interactions adaptées avec les autres individus de la même espèce, et d’adopter des comportements appropriés avec les individus d’autres espèces, dont notamment les prédateurs.

La reconnaissance intraspécifique est le fondement des interactions sociales des perroquets, et le support de leurs relations ultérieures avec un partenaire sexuel. En outre, elle permet les apprentissages secondaires tels que la reconnaissance des aliments comestibles, qui s’effectue en partie par mimétisme. La durée de cette phase est encore inconnue chez le perroquet… Mais elle est à l’origine de nombreux troubles de comportements des perroquets : cri, picage, …

ara chloroptere mas aux perroquets

La socialisation des perroquets

La socialisation est le processus par lequel l’oiseau acquiert son expérience auprès des autres individus et sa capacité à survivre grâce à la place et aux échanges qu’il a au sein d’un groupe.

Une socialisation bien conduite, avec l’aide de ses parents et des autres individus du groupe (frères et soeurs), est nécessaire pour qu’il soit en mesure d’évoluer dans son milieu.

La réussite de la reproduction ultérieure découle de cet apprentissage. Bien que certains de ses comportements soient instinctifs, la majorité des comportements, sexuels et sociaux, sont acquis au cours de ce processus. Afin que le jeune se socialise correctement, il doit évoluer, du sevrage jusqu’à sa maturité sexuelle, au sein d’un groupe qui lui délivre un enrichissement suffisant (jeux, vocalisations, recherche de nourriture, …).

Quelques comportements sont innés, mais la majorité des comportements sociaux sont acquis, c’est-à-dire qu’ils passent par une phase d’apprentissage avec un renforcement ultérieur (observations, imitations, expériences).

Les comportements couronnés de succès sont conservés (renforcement positif) tandis que ceux qui n’aboutissent à aucun avantage sont abandonnés. L’apprentissage des comportements sociaux varie au cours du développement. Il se fait par observation des parents et des autres perroquets du groupe, et par le jeu. Les oisillons apprennent, en jouant entre eux, à établir des règles hiérarchiques et acquièrent les codes sociaux qui sont à la base de la stabilité du groupe social. Chaque stade correspond à l’apprentissage d’un type donné. Les séquences d’apprentissage sont bien organisées.

perroquet ara en voliere
  • Dès la naissance, les nouveau-nés perroquets se blottissent les uns contre les autres avant de s’endormir, ils effectuent des mouvements d’aspiration pour signaler qu’ils sont prêts à s’alimenter et se tortillent avant d’émettre leurs fientes. Très peu de sons sont audibles car les oisillons restent silencieux la plupart du temps. Lorsqu’ils veulent attirer l’attention de leurs parents, ils se mettent à bouger et à secouer la tête. Le nouveau-né reconnaît rapidement des sons familiers et l’exprime en pointant la tête vers le haut. Le contact entre les parents et les nouveau-nés est fréquent : ils les touchent, font leur toilette, surtout pendant le gavage. Le nouveau-né réagit à ce contact en pivotant dans la direction associée. Les contacts entre les nouveau-nés sont également fréquents.
  • A l’âge de 3 semaines, l’oisillon ne voit pas bien mais commence à toucher ce qui se trouve à sa portée. L’un des comportements spécifiques est la recherche de nourriture, très importante dans les espèces de perroquets car elle occupe beaucoup de temps dans la journée. Elle doit donc être permise rapidement pour que l’oisillon se développe correctement.
  • A six semaines, les jeunes perroquets commencent à se déplacer vers les zones éclairées, à sortir du nid, à toucher avec le bec les objets qui les entourent et à se lisser les plumes entre eux. Le contact est toujours fréquent.
  • A sept semaines, le néophyte attrape lui-même les aliments, vocalise régulièrement et devient attentif aux mouvements et aux éléments extérieurs. Beaucoup plus téméraire, il se cache néanmoins dès qu’il est effrayé. Progressivement, l’ouïe s’affine. Il commence à mobiliser ses ailes en en battant régulièrement, et à initier des petits sauts. Ces mouvements, qui le préparent au vol, sont le reflet de la transition vers la période dite d’envol. L’oisillon néophyte commence donc à évoluer seul, tout en conservant des interactions avec les autres.
  • La période d’envol des perroquets correspond au moment où le jeune perroquet utilise l’ensemble des connaissances et des comportements intégrés depuis l’éclosion pour interagir avec son environnement. L’exercice physique (battement des ailes, sauts, …) permet à l’oiseau de développer sa masse musculaire, en particulier le muscle pectoral, d’améliorer sa respiration et la coordination. Cet objectif devient rapidement une obsession pour le jeune, qui peut même en oublier de s’alimenter. Le vol augmente les interactions, car il permet aux oiseaux d’effectuer de nombreuses activités en groupe. Pendant cette période, l’oisillon observe attentivement les autres perroquets et l’environnement. Il apprend à évoluer, à suivre, voire à obéir au sein d’un groupe tout en effectuant ses propres expériences.
  • Au moment de l’envol, le toucher se développe davantage, principalement par les pattes et par le bec. Le sevrage correspond à la prise d’indépendance de l’oiseau : le juvénile s’éloigne de ses parents pour faire ses propres expériences. Il commence à explorer son environnement et à construire son propre groupe social. Le temps passé avec les parents influence le début du sevrage : plus le temps passé avec les parents après l’éclosion est long et plus le sevrage est précoce.
    Inversement, plus le processus du sevrage met de temps à s’achever (sevrage sur plusieurs semaines) et plus l’oiseau est dépendant de ses parents par la suite. Une éducation des parents a donc lieu. Les oiseaux sevrés restent très proches de leurs parents et peuvent rester dans le nid plusieurs mois. Parfois, ils restent jusqu’à l’accouplement suivant. L’oiseau demeure également très proche de son groupe. Pendant cette transition, les parents demeurent présents pour l’oisillon et continuent à l’alimenter.

Au moment de la puberté, vers l’âge de 3 à 5 ans, le juvénile est très dynamique et les variations hormonales renforcent les excès (cris, agressions, vol sans période de repos, …). Les contacts sociaux sont beaucoup plus importants que les contacts sexuels. L’oiseau commence à interagir de façon autonome avec les autres individus du groupe social, sans les parents, et à se faire sa propre place dans le groupe social. C’est également une période de compétition intense qui s’extériorise par de très fortes vocalisations et parades diverses. Le jeune perroquet devient autonome et s’attribue un statut d’adulte au sein du groupe.

Le perroquet évolue de la naissance au sevrage grâce à des expériences sensorielles et sociales. Si l’une de ces expériences manque au cours de l’une des séquences du développement, des troubles comportementaux peuvent se développer ultérieurement, et nuire à l’intégration sociale de l’individu et à sa reproduction. Cela constitue le problème majeur de l’élevage à la main, qui peut difficilement reproduire toutes les séquences indispensables au bon développement des oiseaux.
Le perroquet évolue de la naissance au sevrage grâce à des expériences sensorielles et sociales. Si l’une de ces expériences manque au cours de l’une des séquences du développement, des troubles comportementaux peuvent se développer ultérieurement, et nuire à l’intégration sociale de l’individu et à sa reproduction. Cela constitue le problème majeur de l’élevage à la main, qui peut difficilement reproduire toutes les séquences indispensables au bon développement des oiseaux.